Louvain-la-neuve, la démocratie biaisée ?

25/10/2024 | par Luc Delvaux | Public

Louvain-la-neuve, un site devenu territoire privé où à l’insensible fil du temps, l’État de droit est bafoué. Il appartient aux architectes d’occuper les premières loges pour dénoncer cet état de fait.

Suite à l’expulsion des francophones hors de Leuven, le site dénommé ensuite Louvain-la-Neuve a été dévolu à l’université, celle-ci se trouvant de facto dans l’obligation de déménager. S’agissant d’expropriation pour cause d’utilité publique, la revente en tout ou partie du territoire ainsi affecté à ses besoins n’est pas légale. Il en résulte notamment le mécanisme transactionnel foncier sur base de l’emphytéose ou de la location simple à l’exclusion de la vente, cette règle ayant été étendue aux aires acquises de gré à gré.

Ces dispositions pouvaient être légitimes et justifiées lors de l’installation de l’UCLouvain sur le site, le temps du délai qui lui était nécessaire pour cela. Cette période est aujourd’hui révolue, mais le pouvoir décisionnel sur tout aménagement et par là toute activité sur le site, est maintenu et toujours en vigueur.

Or, depuis le déménagement, le site s’est urbanisé et compte aujourd’hui une large population de résidents, commerces et services divers, tous soumis à la prérogative d’un propriétaire commun, qui n’est légalement pas tenu de justifier ni soumettre à contrôle ses programmes et décisions sur son territoire.

Au fil du temps, cette prérogative a produit mécaniquement des effets recevables et déjà reçus comme vexatoires : aires de parking à l’usage exclusif du personnel universitaire et des étudiants, avec menace de pose de sabots jusqu’à des zones éloignées des espaces réservés à l’enseignement, dénonciation unilatérale de contrats de location, stratégie immobilière erratique, etc. Cela sans recours possible, puisque c’est légal.

De cela résulte que l’administration de l’UCLouvain fonctionne aujourd’hui telle une baronnie médiévale, sans nulle obligation de comptes à rendre à la collectivité. Il s’agit là factuellement d’un privilège d’ancien régime. C’était justifiable à l’époque où l’université devait s’installer dignement. Depuis, les lignes ont bougé et les intentions originelles sont désormais dénaturées et perverties.

Aujourd’hui, ce privilège arbitraire est un état de fait relevant d’une dérive non démocratique, de nature à induire à terme des effets et situations qualifiables de néfastes et dommageables pour la collectivité. Cette anomalie est-elle une fatalité ? Un tel anachronisme est-il rédhibitoire ? Non. Il appartient aux citoyens d’agir pour y mettre fin.

Nous avons demandé aux listes en lice pour les élections communales de se prononcer pour la mise sous contrôle public de l’UCLouvain, pour ce qui concerne sa mainmise sur l’aménagement du site et les activités y localisées. La transmission du savoir et la recherche devant rester de son ressort, dans le cadre des lois. L’université est alimentée par la contribution publique pour cela, et exclusivement pour cela.

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